Après quelques mois de vacations entre 2003 et 2005 (travaux de recherche documentaire, de dépouillements et de saisie informatique en archives départementales, municipales ou en bibliothèques) et une maîtrise en histoire contemporaine des relations internationales (« Les démocraties occidentales et la non-intervention en Espagne : antécédents, manifestations et conséquences (1931-1939) » soutenue en septembre 2005 à l’université Paris 7) ma première véritable expérience de recherche a débuté en décembre 2005, lorsque j’ai été recruté pour mener une recherche sur l’évolution des effectifs et des missions des ministères sociaux sous la Ve République.
Sous la direction scientifique de Marc Olivier Baruch, Alain Chatriot et Paul-André Rosental, j’ai mené une étude statistique commandée par la direction de l’Administration générale, du personnel et du budget (DAGPB) du ministère des Affaires sociales en tant qu’ingénieur d’étude contractuel. D’un point de vue scientifique, cette première expérience a été l’occasion d’acquérir un certain nombre de compétences concernant l’identification et l’exploitation des statistiques publiques concernant les fonctionnaires.
Par un déplacement de focale (des Affaires sociales sous la Ve République à l’État dans son ensemble du milieu du XIXe siècle au milieu du XXe siècle) et surtout d’objet (d’une analyse purement quantitative à un questionnement sur le rapport de l’État aux chiffres) j’ai ainsi pu donner une traduction scientifique à une recherche appliquée, d’abord dans le cadre d’un master en sciences sociales (« L’État saisi par ses effectifs : contribution à une histoire de l’État au XXe siècle« , soutenu en juin 2007) puis, grâce à l’obtention d’une allocation de recherche du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, dans le cadre de la thèse de doctorat précitée.
J’ai soutenu, le 16 septembre 2013, une thèse de doctorat en histoire contemporaine intitulée Trop de fonctionnaires ? Contribution à une histoire de l’État par ses effectifs (France, 1850-1950), pour laquelle j’ai mené une analyse simultanée du processus de fabrication du nombre des fonctionnaires, de son usage par les contemporains et de l’élaboration d’une politique de la fonction publique.
Résumé : Un spectre hante les réformes de l’État depuis plusieurs décennies : le nombre des fonctionnaires. Objet d’une attention politico-médiatique croissante ces dernières années, la question des effectifs de l’État est longtemps restée un angle-mort des recherches en sciences sociales. Tout se passe comme si le double discours contradictoire et persistant selon lequel d’un côté la France compterait trop de fonctionnaires, de l’autre l’État serait lui-même incapable de compter ses agents, relevait de l’évidence. Cette thèse de doctorat propose de prendre au sérieux la question du nombre des fonctionnaires en contribuant à une histoire de l’État par ses effectifs en France de 1850 à 1950.
À travers l’analyse simultanée du processus de fabrication du nombre des fonctionnaires, de son usage par les contemporains et de l’élaboration d’une politique de la fonction publique, l’objet de cette recherche est double. Il s’agit, d’abord, d’interroger la pertinence d’une application de la notion de « gouvernement par les nombres » à la question des effectifs de l’État. Cette déconstruction du travail statistique et de ses usages politiques doit nous permettre, ensuite, de replacer le matériau quantitatif ainsi analysé au cœur des sources pertinentes de l’histoire de l’État moderne. En somme, il s’agit de proposer une relecture du processus de développement administratif au prisme de l’évolution du nombre des serviteurs de l’État.
Le texte intégral de la thèse est accessible en ligne en PDF sur HAL-SHS, vous pouvez aussi lire le texte de mon exposé de soutenance sur mon carnet Penser/Compter ou en PDF sur le site de l’Atelier du Centre de recherche historique.